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Le Cacophone
24 décembre 2007

Nouveau monde

J'ai rencontré il y a 3 semaines un type curieux, qui vit au fin fond d'un nulle part enneigé. Beem, c'est son nom, est un de ces marginaux comme seul le Nouveau Monde sait en produire. Analphabète, végétarien, bûcheron dans une région où les arbres sont rares, Beem vit isolé dans une maisonnette en bois, à 10 miles de ce qu'on appelle là-bas un village : 30 maisons, un flic, une épicerie, une route.

Il y a quelques années, en sortant pisser, Beem s'est trouvé face à un loup. La bête, énorme, avait une patte avant arrachée. Pris dans un piège, le loup s'était rongé l'os pour se libérer. Ça arrive souvent.
Beem, qui a bon cœur, s'est mis en tête de le soigner. A force de patience, et de pain trempé dans du lait concentré, il a pu approcher l'animal, puis gagner  peu à peu sa confiance. Non sans s'être pris un ou deux coup de crocs dans la main.
Les mois ont passé, ils sont devenus copains. Beem a fabriqué une sorte de prothèse au loup, mais malgré cela plus possible pour l'animal de chasser. S'est vite posé le problème de la nourriture. Beem s'est mis à planquer des collets à lapin, à pêcher, à faire ce qu'il pouvait mais sans grand succès. Alors il s'est fait voleur de poules, partant à pied, de nuit, rôder au village. Et bien sûr, on n'a pas tardé à le repérer.

Au village, personne n'avait parlé à Beem depuis bien des années, mais tout le monde était au courant de l'histoire du loup. On a donc envoyé le flic abattre la bête pour laquelle Beem volait la communauté. Beem a foutu une raclée au flic, et le flic est rentré avec une dent cassée. Le problème restait entier. Au village, on est un peu indien : tout le monde s'est réuni, on a discuté, on s'est exprimé, et on a trouvé une solution.

Une semaine après la visite malheureuse du flic, alors que le loup et Beem étaient occupés à observer un corbeau dans le ciel, 3 motos-neige se sont arrêtées à 200 mètres de la cabane. Des silhouettes ont enlevé les bâches d'une remorque, ouvert des caisses, et en ont sorti des carcasses de rennes, des quartiers de viande qu'ils ont déposé dans la neige avant de repartir. Les villageois, flic en tête, avaient décidé que si Beem était trop mauvais chasseur, et trop pauvre, pour avoir de la viande, c'est le village qui se chargerait de nourrir son loup.

Ça fait des années que ça dure. Parfois, à côté des carcasses pour le loup, Beem trouve un sac contenant des légumes, des fruits ou un gâteau.

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Commentaires
M
...envie de vivre au fond d'un nulle part enneigé...
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