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Le Cacophone
10 août 2007

Un enfant agonise

Pendant les obsèques du cardinal Lustiger, un enfant agonise.
Ivan, gamin de 12 ans, dont les parents n'avaient pas de papiers. Une famille traquée, pourchassée, raflée comme des milliers d'autres en France.

A Notre-Dame, Nicolas Sarkozy a attendu que les caméras viennent à lui, et il a fait ce pourquoi il avait tout spécialement traversé l'Atlantique : il a pris un air profondément ému, profondément triste et profondément sincère, puis il a rendu hommage à "un homme de paix, de réconciliation". Curieux hommage venant d'un homme qui, depuis tant d'années,  se comporte en homme de guerre, de division.

"De guerre !" diront certains "Comme vous y allez !". Ceux-là n'ont sans doute jamais assisté à une arrestation de sans papiers, à une rafle dans la rue, le métro, les cafés, périmètre bouclé par des forces de police en tenues de combat. Ceux-là n'ont peut-être jamais échangé quelques mots avec ces enfants, terrorisés, traumatisés, qui refusent de s'endormir, le soir, de peur d'une nouvelle irruption policière. Ceux-là pensent peut-être que la police se présente tranquillement, et prie avec politesse qu'on les suive dans le car déjà plein ? Ben non, ils arrivent par dizaines, les flics, envahissent tout, armés, casqués, enfoncent les portes, poussent tout le monde dans l'escalier, stockent les gens dans la cour pour premier comptage. Tapent un peu, au passage, sur ceux qui traînent ou se plaignent trop fort. Séparent les hommes des femmes, souvent, allez savoir pourquoi. Enfin bref...
Oui, c'est bien d'une atmosphère de guerre qu'il s'agit. Et c'est toutes les semaines, et c'est pas trés loin de chez vous.

Et alors, oui, aujourd'hui plus que tout autre jour, il me donne la nausée, Nicolas Sarkozy, avec son air profondément ému, profondément triste et profondément sincère, avec ses hommages, ses avions privés, ses yachts, ses grosses montres clinquantes, ses tics nerveux, avec ses rêves vulgaires et son franc-parler de représentant de commerce.
Et ce soir, franchement, je suis bien content qu'il ait repris l'avion. 

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Commentaires
J
Je découvre votre blog par hasard. Un beau texte. Fort juste. Peut-être que George offrira l'un ou l'autre bretzel au tsaron. On peut encore rêver dans ce monde qui assassine les rêves.
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